Par Maurice Hamoir – Director, Business Development
Voici 2 semaines, la société COUPA, leader mondial de notre marché de l’eProcurement, annonçait par la voix de son Président un plan de licenciement à l’échelle mondiale (estimé par des sources internes à près de 30% des 3000 employés en place). Dans sa lettre à ses collaborateurs, Charles Goodman expliquait que ces mesures drastiques étaient imposées par un environnement qui avait basculé d’une « croissance à tout prix » à un « équilibre entre croissance mature et profitabilité ». Il faut préciser que la société, après avoir construit son succès sur 15 ans de croissance continue, mais sans jamais dégager de marge, avait été rachetée 6 mois plus tôt par le fonds Thomas Bravo, coutumier des restructurations dans la Tech américaine (cf Anaplan en Juillet-Aout 2022).
Si on parle maintenant d’éclatement de bulle à propos de la correction engagée en 2022 dans l’ensemble de la Tech, avec des exemples retentissants tels Amazon ou Meta, et plus de 150.000 ( !) suppressions de postes aux seuls Etats-Unis depuis début 2023 encore, notre secteur de l’eProcurement pouvait encore, avant l’annonce Coupa, sembler épargné par cette vague venant tout droit de Californie … Mais des signes étaient déjà présents pour nous alerter sur ces bouleversements. Outre quelques acteurs qui avaient déjà annoncé des coupes dans leurs effectifs ou leurs investissements (Globality, Vendr, Proactis), plusieurs « leaders » autoproclamés, issus des mêmes modèles de financement basés sur l’hypercroissance et visant la valorisation maximale, avaient dû opérer des revirements stratégiques pour (au choix, je vous laisse cocher en fonction du nom) :
- abandonner leur projet de lancement sur le marché des valeurs technologiques (Nasdaq)
- renoncer à des tours de levées de fonds dans leur calendrier
- fermer certains de leurs sites (en particulier lorsqu’il s’agit de R&D)
- augmenter brutalement leurs conditions tarifaires en dénonçant même certains contrats clients
- générer des revenus complémentaires (référencement partenaires ou autres)
Pour autant que ce rééquilibrage puisse sembler sain et justifié (en dehors de toute considération pour les employés concernés), il se fait aussi dans beaucoup de cas au détriment des clients et de la qualité des prestations. Et si, pendant quelques années, des analystes et des experts nous ont vendu les fameuses licornes comme une garantie de pérennité, d’innovation ou encore de solidité, leurs clients se plaignent souvent aujourd’hui, amèrement, de coûts aberrants, de solutions dépassées ou de ruptures unilatérales dans la relation et le suivi. Comme le titrait le magazine Challenge en date du 12 Mai dernier « la fin de la bulle des licornes risque de faire mal à certains ». Cette phase de correction est donc engagée depuis peu, mais ses effets risquent de se prolonger bien au-delà des prochains mois.
Alors comment se préserver de telles déconvenues si l’on est une organisation Achats, avec des solutions en place, ou en cours de sélection ? Pour parler de risques fournisseurs, notion bien familière des achats depuis la crise COVID, quelles actions préventives mener avec les éditeurs pour s’assurer de la qualité et de la continuité de leurs prestations ? Quelques simples pistes partagées la semaine dernière avec nos partenaires conseils :
- Développer une stratégie digitale non exclusive
- Valider la pertinence et la solidité de vos engagements contractuels
- S’assurer d’un lien direct avec l’éditeur ou les éditeurs concernés
- Être acteur dans la roadmap de ses prestataires (montées de versions et développement)
- Renforcer les liens et la proximité (comités, clubs utilisateurs)
Je prêche évidemment pour ma paroisse (Oalia est à l’opposé du modèle décrié plus haut), mais je pense qu’il est essentiel que les décideurs Achats soient conscients de ces enjeux, et les intègrent dans leur stratégie digitale.
Et vous, vous en pensez quoi ?